
10 décembre 3303: Journal de Board Alexandra Gidh
J’avais demandé à Luc de m’emener voir de plus près l’épave du Cobra de John Jameson récemment découverte.
… Jameson… l’INRA.
Qui fut le héro ? Qui fut le bourreau?
…Les esprits simples tranchent rapidement la question et se réfugient dans leurs jugements et leurs aprioris, confortant leur vision du monde et se rassurant de leurs bons sentiments ou de leur bonne raison. Les certitudes sont tellement plus confortables que les doutes…
La découverte du vaisseau fantôme me questionne.
Cet homme, loyal et dévoué, roulé dans la farine par les autorités afin de faire le sale boulot et envoyer ad patres les ennemis alors déclarés de notre espèce, les Thargoids.
Et à cette heure, je pense à lui. Son courage et son sacrifice forcent l’admiration et le respect. Je pense à sa fille, qui n’aura de son vivant jamais eu conscience de la trahison qu’aura subi son père lorsqu’il fut envoyé à son dernier combat.
Je pense aux hommes qui ont fait le choix cynique du mensonge et du génocide pour mettre fin à la guerre.
Combien de vies humaines sauvées par ce choix amoral? Jameson aurait il accepté la mission s’il avait su la vérité ?
Un homme d’état des temps anciens a dit un jour que la source secrète du pouvoir était l’indifférence. Il y a des moments qui demandent des décisions difficiles, cruelles, injustes mais nécessaires pour qui sait regarder le tout et ne se laisse pas happer par le particulier. Aurait il était plus éthique de laisser mourrir des humains par millier à l’apogée de cette guerre, alors qu’une arme terrible était enfin entre nos main?
Que l’avenir me préserve de devoir jamais endosser ce genre de décision.
En serais-je seulement capable ?