Chapitre 1 : Une autre vie [Livre 1]

Une mission trop simple ?

Je regardais le Lakon glisser doucement vers la station “Unity”, cet énorme vaisseau ressemble à une sorte de crapaud moche et lent. Pour un pilote habitué aux vaisseaux d’interception et de chasse, ce type de machine ne rentre tout simplement pas dans la catégorie des “pilotables”. Du reste, je n’ai jamais compris pourquoi ces engins n’étaient pas équipés de vols complément automatisés. Vu le peu de maniabilité et le fait qu’ils volent rarement seuls, quel intérêt d’asseoir un pilote aux commandes ?

La mission n’avait pas été complexe, mais particulièrement longue. L’escadrille avait pris en charge le transporteur lourd T9 dès la fin du chargement de ce dernier, et escorté jusqu’à sa destination sans encombres. Il y’a avait bien eu une alerte de scan, mais après contrôle, il s’était avéré que c’était un Viper de la Fédération. La mission était secrète rien d’étonnant, dès lors, que les autorités aient scanné le convoi. J’avais dépêché Rapture 16 lors du scan, c’était sa première mission, et je voulais qu’il se confronte à la réalité le plus vite possible. Il s’en était plutôt bien sorti pour un première. Il avait tenu la formation, préparé un éventuel combat et était resté froid et distant comme on lui avait appris. A la simple évocation du nom de l’escadrille, le pilote du Viper de sécurité avait changé de ton et de voix. Ce n’est pas tous les jours qu’on croise un mythe, qu’on se rend compte que ça existe vraiment !

Le T9 commençait sa rotation pour alignement avec la boite aux lettres. La mission allait toucher à sa fin.

-“T9, vol Sec2801, à destination de la station Unity, système New Yembo, demande autorisation d’appontage”.

-“Station Unity à T9, donnez cargaison et ordre de mission”

-Je répondis, “Ici Rapture 1, des Black Birds, mission secrète, cargaison classée, laissez passer”

Au bout de quelques secondes la station demanda :

-“Euh,…Ok…euh je n’ai rien sur le manifeste de vol, vous pouvez confirmer votre mission ?”

-Mon ton se fit un peu plus ferme, “Black Bird à Unity, qu’est ce que vous n’avez pas compris dans ma phrase ? Mission classé, point. Demandez à vos pilotes de la sécurité d’ouvrir les yeux et de vous décrire ce qu’ils voient au lieu de cuver leur whisky !”.

La voix, un peu tremblante d’un pilote des forces de sécurité intervint :

-” New Yembo…j’ai bien 8 vaisseaux noirs en visuels et en formation, les insignes des Black sont bien visibles”.

Au bout de quelques secondes, ils avaient dû passer sur leur canal privé, l’autorisation d’appontage fut donné. J’aurais pu intercepter leur fréquence, mais j’étais las.

-“T9, vol Sec2801, autorisation d’apponter, PAD 38”.

Plus que 8 Km et on sera libre !

Mon esprit commençait à planer, je repensais à Rapture 16 quand je l’avais intégré…je repensais à ces années si lointaines où je devins un Black Bird. Machinalement je mis la main sur mon cœur et senti la plaque de métal.

Un autre vie offerte

J’étais debout, à côté de mes camarades, nous venions d’être certifiés. Je sentis la douleur immense quand Rapture 1 enfonça l’insigne et les tentacules dans ma poitrine. Les longs filaments pénétrèrent mon corps jusqu’au cœur, pour l’entourer comme 2 mains tiennent précieusement un trésor. C’était une technologie impériale, ils ont un don pour trouver des bioTechnos tordues. Quelques secondes plus tard mon cœur s’arrêta quelques secondes, j’allais faillir mais entendit la voix de Rapture 1

-“Souffrir ?”

Je hurlai, de concert avec mes camarades : “Encore !”. le cri me ramena à la vie, comme celui du nouveau né.

La plaque était posé sur mon pectoral, mon cœur appartenait aux Black Birds, la retirer me tuerait.

Il y avait inscrit dessus une date, celle de ma seconde naissance. Pour l’éternité j’étais un Black Bird. Dessous était gravé notre insigne et sa maxime :

Una ex his erit tibi ultima / L’une de ces heures, sera la tienne.

Le T9 venait de pénétrer dans la station, il allait livrer des tonnes de billets et d’or pour que la nouvelle station puisse commencer à importer et exporter, commencer à vivre. L’argent ne fait pas le bonheur, mais il est le sang, sans lui rien ne fonctionne.

-“Black Bird, Mission terminée, on retourne à la maison”.

La mission était simple, c’est rarement le cas.

Nous sommes les Black Birds, nous sommes la Frontière.