L’ambassadeur était sagement en train d’attendre que le dictateur le fasse entrer dans son bureau.
Le Palais avait eu droit à quelques travaux de rénovation. Le résultat n’était pas du goût du successeur de Rapture III.
Oppulant, les ornements de la salle montraient de manière un peu trop ostentatoire la fortune nouvelle du Consilium.
Depuis la flambée du commerce des opales, et la conquête des nouveaux systèmes, l’argent n’était plus un problème. Le Consilium n’avait plus à attendre de la part de mécènes de quoi subvenir à leur survie. Désormais, il leur suffisait de lever l’impôt. Et ils en levaient…
–Bonjour Monsieur l’ambassadeur !
Falco n’avait pas entendu venir celle qui l’appelait. Et ce n’était d’ailleurs pas nécessairement une bonne surprise pour lui de la croiser ce matin.
–Bonjour Alexandra!
-Qu’est ce qui nous vaut l’honneur de votre présence ?
-Et bien, je viens faire part au Dictateur d’une requête que je viens de recevoir et que nous allons devoir examiner.
-Et bien j’arrive donc par hasard au bon moment on dirait.
Après un petit silence gêné, l’ambassadeur répondit sur le ton détaché et froid :
–Quand je disais nous, je parlais du Dictateur et de moi même. Ne m’en veuillez pas mais, à ce stade, il n’y a rien de décidé et donc rien à signaler à notre Porte-parole…
Les hommes de la Phalange qui gardaient les immenses portes du bureau du Dictateur se mirent en action et s’écartèrent alors que celle-ci s’ouvraient.
–Monsieur l’ambassadeur, Le Dictateur vous attend, veuillez entrer s’il vous plaît.
L’ambassadeur salua la Porte-parole avant de rejoindre le maître des lieux.
–Ne m’en veuillez pas ma chère, mais je dois vous laisser; le devoir m’appelle.
Alexandra resta muette, vexée de cette mise à l’écart inattendue, elle qui d’habitude était au cœur de tous les échanges important pour le Consilium. Elle lui jeta un regard glacial puis tourna les talons, offrant le ravissant
spectacle de sa démarche chaloupée à l’ambassadeur…
Le bureau était immense, les ornements luxueux dépareillaient avec la disgracieuse boule de poils qui était vautrée sur un sofa au milieu de la pièce. Le chat entrouvrit les yeux sur le visiteur avant de replonger dans un coma fainéant.
–Entre donc Falco, tu tombes bien! Je suis en train d’examiner le décret d’exécution de Steinman. On le bute tout de suite où tu penses qu’on peut encore en tirer quelque chose ?
–Bonjour cher Dictateur ! Et bien je ne suis pas venu pour ça mais puisque vous le demandez mon avis je pense que c’est encore un peu tôt. Mieux vaut le garder au frais et le ressortir au cas nous aurions besoin de lui pour reprendre des travaux de recherche si la situation venait à se tendre avec les aliens.
-Hum… Tu as peut-être raison après tout. Donnons nous du temps. Et ne m’appelle pas Dictateur en privé, ça m’énerve. Tout le monde me réduit à mon titre à longueur de journée, mais je suis aussi Rapture XXV, je suis toujours un pilote, tout du moins j’ai besoin de le croire…
Phoneix avait enfilé sa combinaison de combat. Nous avions prévu de rejoindre le soir même sur ZENDE la flotte dépêchée pour aller sécuriser l’opération dans la bulle Gardian. Les risques étaient grand mais il il aurait impossible de lui faire renoncer aux combats. Il attendait ça depuis longtemps…
–Je suis venu pour parler d’une requête que je viens de reçevoir de la part des Corsaires impériaux. Ils ont un conflit qui va s’ouvrir contre les Azgarr et nous demandent d’intervenir à leur services. Le litige n’est pas très profond mais plutôt une histoire de principe. Ils se sont sentis floués après être allé aider cette faction et n’en ont pas tiré la reconnaissance qu’ils en attendaient.
-Nous ne sommes plus une simple bande de mercenaires, Falco. Le Consilium peut désormais subvenir à ses besoins sans avoir à aller faire le tapin pour des factions fortunées. Avons nous le moindre grief contre les … c’est quoi leur nom au juste ?
-Azeguarhie je crois
-Encore un nom à coucher dehors “
-Bref, nous avons des relations tout à fait cordiales. Mais le soucis n’est pas là et je pense pour ma part que ce serait une bonne chose d’accepter cette demande de sous traitance.
-Et pour qu’elle raison je te prie ? Puisque ce n’est pas l’argent qui nous intéresse, qu’avons nous à y gagner ?
-Regarde les choses en face Phoneix, et regarde ce que nous sommes devenus. Des bourgeois ventripotant, roulant sur l’or et pétant dans la soie, qui ne s’intéressent qu’à soumettre de nouveaux systèmes, accroître leur richesse, et pour quoi ? Ou sont passés les soldats ultimes ? Des pilotes sans pitié ? Où est donc passée cette frontière que nous repoussons sans cesse ?
–Que veux tu dire Falco ? Où veux tu en venir?
-Regarde ces dernières recrues au Squadron, toujours plus nombreuses, toujours plus faibles et mal préparées. On a même confirmé des BBS qui ne savent pas ce que racontent leur technodon. Je pense qu’il est temps de revenir aux sources. Si nous nous laissons aller, nous allons devenir ce que nous avons détesté, une puissance mineure lambda qui vit de ses rentes et oublie ce pourquoi elle existe, sans but et sans avenir.
–Essaierais tu de me dire que je fais mal mon travail ?
Phoneix avait changé de voix subitement, son ton affable remplacé par quelque chose de plus accusateur.
Falco se rapprocha du Dictateur, le regardant droit dans les yeux.
–Regarde toi Phoneix, boudiné dans ta combinaison de pilote. Combien de temps as tu mis pour l’enfiler ce matin, hein ? Dis moi ? Vous vous y êtes mis à combien pour remonter la fermeture éclair ? Même ton chat, qui faisait encore peur l’année dernière , tout le monde se fout de sa gueule tellement il se rapproche d’un hypopotame… Alors oui, je pense qu’il est temps qu’on se bouge nos gros culs et qu’on redevienne ce que nous sommes censés être.
Phoneix était touché dans son orgueil, mais il ne pouvait pas donner tort à Falco. Il regarda le chat et se tut quelques instant avant de répondre.
–Bon ok, effectivement me le suis fait aidé un peu pour l’enfiler… Mais pas tant que ça en fait… Et puis tu n’as peut être pas tout à fait tort, ça nous ferait pas de mal de revenir aux fondamentaux et de tester nos nouvelles recrues. Au pire, ça nous débarrassera des plus faibles. Mais et pour les Azgarr, quels sont les risques ?
-Quels risques, de quoi tu parles ? De perdre des systèmes en représailles ? Qu’est ce qu’on en a à foutre en réalité, tu peux me dire ce que ça nous poserait comme problème si on perdait toutes nos possessions ? Ca ne nous empêcherait certainement pas de nous battre, si nous sommes encore des pilotes…
Le silence s’installa de nouveau, le Dictateur prenant le temps pour sa décision et faisant quelques pas vers la fenêtre qui donnait sur Samson, contemplant la pâleur de la planète, puis il se tourna vers Falco, avec un petit sourire au coin des lèvres.
-Si tu répètes à qui que ce soit quelque chose sur ma combinaison, je te ferai réduire en bouillie par le Chat quand tu lui serviras de nouveau sofa…
-J’ai ton accord ?
-Dis au Corsaires que nous sommes toujours des mercenaires !…